4e dimanche du temps ordinaire-C

Un prophète

A près le dimanche de la Parole de Dieu, la liturgie nous oriente aujourd’hui sur la figure du prophète, homme de la Parole, choisi par Dieu et mis à part pour le ministère prophétique. On ne s’érige donc pas en prophète soi-même en faisant vanter ses propres mérites à travers des affiches publicitaires, comme il n’est pas rare de le voir aujourd’hui à tous nos coins de rue. Comme tous les grands charismatiques de la Bible qui, dans leur pensée sont bien loin de se croire dignes de quelque charisme, c’est avec une surprise sincère que Jérémie apprend l’annonce de son élection de la part de Dieu comme prophète, avant même qu’il ne soit formé dans le sein maternel. Notre siècle, celui qui forme de plus en plus des hommes et des femmes qui aspirent aux grandeurs pour le profit qu’ils peuvent en tirer, et non pour le bien qu’elles leur permettront de faire, doit apprendre de l’Écriture Sainte : dans le champ de Dieu, le choix porté sur quelqu’un pour accomplir une mission vaut d’autant plus que l’élu n’y aspire nullement et ne s’y prépare guère ; mais devant le fait accompli de l’élection, il se reconnaît plutôt faible et attend toute sa force de Dieu pour pouvoir accomplir sa mission avec toute la charité due. Saint Paul exhorte les Corinthiens à aspirer au don de la prophétie (1Co 14, 1) qui permet d’édifier, d’exhorter et de réconforter (1Co 14, 3) mais surtout à la charité ( 1Co 13, 2 ). Jésus, le prophète envoyé À la lumière de la prophétie d’Isaïe, Jésus révèle à ses auditeurs présents dans la synagogue de Nazareth qu’il est venu pour une mission d’annonce, de délivrance et de miséricorde. Par sa mission prophétique, c’est la charité divine qu’il répand abondamment sur les hommes. Mais il fera de leur part l’objet d’incompréhension. Si le prophète (en Grec προφήτης / prophḗtēs) est celui qui « interprète la parole divine et qui parle au nom de Dieu, prédisant l’avenir, donnant des messages de sagesse, dénonçant le mal, dictant en actes et en paroles, des conduites à tenir pour plaire à Dieu, un vrai prophète court le risque d’être rejeté là même où certains l’accueillent. Durant toute sa vie, le prophète authentique fait dans sa chair la dure expérience d’une vie sans paix alors que tout homme aspire à la tranquillité qu’offrent le respect et la reconnaissance provenant des autres. Cette vie tiraillée que connaît le prophète, amène bien des baptisés à mettre en veilleuse l’exercice de la mission prophétique qu’ils ont reçue au baptême. Jésus dans l’épisode du jour, ouvre ses frères de race à une réalité dure à accepter par eux : Dieu aime tous les peuples et s’il choisit Israël, c’est pour qu’il serve de phare aux autres nations pour les conduire à Dieu, et non pour croire que le salut soit sa propriété privée. Déjà dans l’Ancien Testament, des signes de la miséricorde divine envers les païens ont illustré les ministères d’Élie et d’Élisée. Le ministère de Jésus, sur les pas de ces anciens prophètes de l’histoire biblique, est un ministère de miséricorde qui embrasse tous les peuples sans exception. Au cours de son ministère, il dira cette dure vérité à ses frères de race : « Les publicains et les prostituées vous précéderont dans le Royaume de Dieu » (Lc 7, 34). Cet avertissement résonne aujourd’hui dans nos cœurs pétris d’orgueil, nous chrétiens qui nous croyons en règle avec la table sainte et qui jetons la pierre dans le jardin des autres que nous accusons de pécheurs dignes de l’enfer. L’artifice littéraire utilisé par Luc est une annonce et une mise en scène d’un ministère prophétique authentique couronné par : - le rejet et la passion ( Vv. 28-29 : « Remplis de fureur, ils le poussèrent hors de la ville ») ; - la mort (V. 29) : « Et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline sur laquelle leur ville était bâtie, pour l’en précipiter » ; - la résurrection et l’annonce en son Nom, de la Bonne Nouvelle à travers les nations (V. 30) : « Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin…». Dans ma vie L’onction prophétique de l’annonce de la Parole de vérité est-elle encore vive en moi ? À méditer « Les publicains et les prostituées vous précéderont dans le Royaume de Dieu» (Lc 7,34).