Teigneuse France-Afrique
Michaël S. GOMÉL es réponses ont été immédiates et franches face aux déclarations du Président français Emmanuel Macron. Beaucoup d’Africains se sont sentis profondément offensés par les propos qu’il a tenus, le 6 janvier 2025, devant ses ambassadeurs. Certains ont jugé ces propos condescendants, paternalistes et méprisants. Un exemple : « Je crois qu’on a oublié de nous dire merci. Ce n’est pas grave, ça viendra avec le temps. Je le dis pour tous les gouvernants africains … » On s’en serait bien passé à l’orée de cette nouvelle année. Mais hélas! La France-Afrique s’est encore fait inviter au débat. Du Sénégal au Tchad, comme partout ailleurs sur le Continent, l’indignation est totale. Comment comprendre qu’au moment où personne ne veut demeurer éternellement herbivore, où le Président Macron livre bataille pour affranchir la France et l’Europe de la tutelle et de la dépendance vis-à-vis des Américains, des Chinois et autres puissances, il tenterait de bloquer l’émancipation et l’indépendance réelle des anciennes colonies françaises en Afrique parce qu’ils revendiquent leur droit à l’auto-détermination ? « On a oublié de nous dire merci ». Que répliqueraient ces « soldats Africains, quelquefois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis », qu’évoque le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko, à cette adresse peu diplomatique à l’endroit des habitants du Continent africain ? Quelle indignation serait celle de Omar Bongo, Mobutu Sese Seko, Hissène Habré, Jean-Bedel Bokassa et alii outre-tombe ? Que répondront Blaise Compaoré, Laurent Gbagbo, Ali Bongo et autres compagnons d’infortune, pourvoyeurs de djembés bourrés de devises locales et étrangères, ressources des pauvres contribuables africains, en direction de Paris ? Qui, finalement, a oublié de dire merci ? Le Président Emmanuel Macron aurait dû nous épargner cette frasque burlesque au moment où se déroule le procès sur le financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle française de 2007 par Mouammar Kadhafi à hauteur de 6 millions d’euros, selon les enquêtes en cours. Mais au-delà de tout, son discours est révélateur du fait que les promesses et serments des différents prétendants au fauteuil de l’Élysée par le passé n’ont jamais su venir à bout de la teigneuse France-Afrique. De fait, ils se laissent vite rattraper par la réalité de la valeur stratégique de ce système pour la survie de la France, au point d’éprouver le remords que leur promesse se réalise à leur corps défendant. Ô France-Afrique, quand tu nous tiens !