AFRIQUE
Le ratio moyen dette publique-Pib devrait baisser
Alors que les stocks de la dette extérieure de l’Afrique ont atteint 1.150 milliards de dollars, le Rapport sur les dettes en Afrique publié par les Nations Unies souligne que la charge d’intérêts représente plus de 25% des recettes publiques dans six pays africains dont l’Egypte, le Nigeria et l’Angola.
Le ratio moyen dette publique-Pib en Afrique devrait poursuivre sa tendance baissière amorcée ces dernières années, pour se situer à 64,3% en 2025 contre 67,5% en 2024 et 68,9% en 2023, grâce notamment à des efforts continus d’assainissement budgétaire, selon un Rapport publié le jeudi 9 janvier 2025 par les Nations Unies. Intitulé World Economic Situation and Prospects 2025, le Rapport indique que les stocks globaux de la dette extérieure du Continent se sont établis à 1.150 milliards de dollars, tandis que le coût du service de la dette a culminé à 163 milliards de dollars en 2024. Les paiements d’intérêts représentent une part importante des recettes publiques de nombreux pays africains. Ces paiements ont, par exemple, représenté plus de 70% des recettes publiques en 2024 et plus de 25% en Angola, au Ghana, au Kenya, au Malawi et au Nigeria. En outre, la dette intérieure a suivi une trajectoire ascendante sur l’ensemble du Continent ces dernières années, alors que le déficit budgétaire moyen pondéré est resté stable en 2023 et en 2024, à 5,5% du Pib. Dans ce contexte, une crise de la dette reste un risque majeur pour les perspectives de développement durable en Afrique, même si plusieurs processus de restructuration de la dette sont actuellement en cours. La Zambie, qui a été le premier pays africain à faire défaut sur le paiement de sa dette extérieure en 2020, a finalement conclu un accord avec ses créanciers sur la restructuration de la dette à la mi-2024, marquant la fin d’un long processus qui a duré trois ans et demi. Le Ghana a également progressé dans ses négociations sur la dette, ses créanciers ayant déjà accepté des réductions globales de 13 milliards de dollars. Entre-temps, l’Ethiopie a engagé des négociations avec ses créanciers au titre du Cadre commun du G20 sur la restructuration de la dette, tandis que le Malawi cherche à conclure des accords avec ses créanciers en dehors de cette initiative d’allègement de la dette des pays à faible revenu. Une croissance économique plus forte, mais des défis persistants La Somalie est dans une bien meilleure position puisqu’elle a obtenu une réduction de dette irrévocable de 4,5 milliards de dollars auprès des créanciers internationaux au titre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Ppte), ce qui a permis de ramener le ratio dette publique-Pib du pays à 6%.Malgré ces divers processus d’allègement de la dette, le chemin vers la viabilité budgétaire reste difficile sur le Continent, comme en témoignent les tensions sociales suscitées par les réformes fiscales au Kenya et la suppression des subventions aux carburants au Nigeria. Le Rapport souligne par ailleurs que la croissance économique en Afrique devrait augmenter légèrement pour passer de 3,4% en 2024 à 3,7% en 2025 et 4% en 2026, grâce notamment à la reprise de certaines grandes économies comme l’Egypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud. L’Afrique de l’Est devrait enregistrer une croissance plus rapide que les autres sous-régions cette année, à 6%, grâce notamment aux bonnes performances attendues en Ethiopie, au Kenya, au Rwanda, en Ouganda et en Tanzanie. En Afrique du Nord, la croissance devrait s’établir à 3,4% en 2025, contre 4,1% en Afrique de l’Ouest, 3% en Afrique centrale et 2,2% en Afrique australe. Les Nations Unies estiment par ailleurs que l’amélioration prévue des performances économiques du Continent reflète la réduction des goulots d’étranglement en matière d’approvisionnement, l’assouplissement des conditions financières et la forte reprise du tourisme international, tout en notant que d’importants défis persistent dont les conflits régionaux, l’augmentation des coûts du service de la dette, le manque de perspectives d’emplois pour les jeunes, la gravité croissante des effets du changement climatique et la persistance de l’inflation.