ISSN 1840 - 8184 Justice, Vérité, Miséricorde HEBDOMADAIRE CATHOLIQUE NUMÉRO 1797 du 31 janvier 2025 N° 1221/MISP / DC / SG / DGAI / SCC
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Justice, Vérité, Miséricorde Journal 1797 du 31 janvier 2025

Le jubilé ordinaire 2025

Mgr Pascal N’Koué, Archevêque de Parakou, explique le sens du jubilé ordinaire de l’année 2025 dans l’Eglise, et les efforts que cet événement requiert pour une grâce en plénitude.

Mgr Pascal N'KOUÉ, Archevêque de Parakou

Parlons de l’Année Sainte. La nuit de Noël à Rome, le Pape François a ouvert la Porte Sainte du jubilé ordinaire 2025. Rappelons-nous le jubilé extraordinaire en 2015-2016 sur la miséricorde divine, et le grand jubilé de l’an 2000 (3e millénaire). C’était très beau, n’est-ce pas ? Le jubilé est comme un grand pèlerinage international. C’est un précieux moment de conversion et de pénitence. Tous les 25 ans, l’Eglise Catholique célèbre l’Année Sainte. C’est le Pape Boniface VIII qui a initié cette tradition en 1300 pour commémorer l’Incarnation du Christ Rédempteur. C’est une volonté de Dieu exprimée dans l’Ancien Testament. Dans la Loi de Moïse, c’était tous les 50 ans : "Vous ferez de la 50e année une année sainte" (Lév. 25). L’édition de 2025 est baptisée : "Pèlerins d’espéranceʺ en Jésus-Christ. Le Christ, notre espérance Comme tout le monde ne peut pas se rendre à Rome, le Pape a demandé que dans chaque diocèse, un lieu saint soit désigné. Notre Sanctuaire eucharistique a été choisi pour obtenir l’indulgence plénière. En outre, cette année sera chargée d’événements culturels et religieux, festivités, pèlerinages, messes, conférences, concerts. Ce sera pour tous un moment de rencontre vivante et personnelle avec le Seigneur Jésus, Porte du salut. C’est lui notre espérance. Plus on aime, plus on espère. Moins on aime, plus on déprime. Plus on espère, plus on avance. L’espérance, c’est la vitamine V qui signifie Victoire. Semons en nous cette vitamine. Marie Madeleine dans la séquence de Pâques, chante : "Le Christ, mon espérance, est ressuscité, Vivant, il règneʺ. Qui vit vraiment espère toujours. Et qui espère ne se flétrit pas. Il a du punch et reste toujours tonique. Parce que "L’espérance naît de l’amour et se fonde sur l’Amour qui jaillit du cœur de Jésus transpercé sur la croixʺ. Pour aimer, regardons le crucifié. Et nous verrons que nos cœurs encrassés par l’orgueil, la haine, la méchanceté ont besoin d’être vidangés… L’on veillera de manière spéciale à la préparation des prêtres et des fidèles aux confessions et à l’accessibilité au sacrement sous forme individuelle. La paix avant tout Revenons aux orientations du Pape François. "Le premier signe d’espérance doit se traduire par la paix pour le monde plongé encore dans la tragédie de la guerreʺ. Au Bénin on ne connaît pas le phénomène de la guerre depuis le XIXe siècle, guerre entre le Royaume du Dahomey et les troupes françaises du Général Alfred Amédée Dodds. Cela ne signifie pas que nous ignorons les violences meurtrières entre différentes ethnies, et même au sein de la même ethnie, entre éleveurs et paysans, dans les couples et familles, entre associations, mouvements, divers groupes. Signalons la présence des terroristes à nos frontières. Plusieurs de nos soldats y ont perdu la vie pour nous épargner le pire. Comment évangéliser tous ces mondes ? Le jubilé devrait nous rappeler cette béatitude prononcée sur la montagne par notre Seigneur : "Heureux les artisans de paix car ils seront appelés fils de Dieuʺ. La paix qui vient de Dieu est certes un don. Malheureusement, on peut le refuser comme Jérusalem. Et Jésus pleura sur la Ville Sainte qui avait reçu mission d’être la Cité de justice et de paix… Par ailleurs, on a l’habitude de dire "la santé avant toutʺ. Je crois qu’il faut plutôt corriger cette phrase en disant "la paix avant toutʺ. Celui qui est en paix avec lui-même, en paix avec son Dieu, en paix avec son entourage, vit heureux. Contrairement à celui qui a la santé physique et fait la guerre à tout le monde. Celui-là ne peut pas être heureux et n’aide pas les autres à être heureux. Or nous sommes créés pour être heureux. Voilà pourquoi le Pape François nous demande de regarder l’avenir avec espérance. L’espérance embellit tout. Le désespoir nous tue avant notre mort. Par contre, celui qui espère a une vision de la vie pleine d’enthousiasme à transmettre. Or, "Dans plusieurs pays, il y a une baisse préoccupante de la natalitéʺ. Nous sommes très préoccupés par la légalisation de l’avortement. Comme vous le saisissez, le Créateur qui a dit à nos premiers parents : "Multipliez-vous et remplissez la terre″ sait qu’un peuple qui encourage l’assassinat de ses enfants perd son âme et se meurt petit à petit. Il n’a plus d’espérance fondée en Dieu. C’est vrai, la société capitaliste dans laquelle nous vivons n’a pas de cœur. Il n’y a pas de place en elle pour aimer gratuitement, pour s’occuper des enfants, des fragiles et des pauvres. On débourse prioritairement pour les commodités, pour la vaine gloire, pour la technologie, pour l’armement. Les jeunes ne trouvent pas facilement du travail rémunéré. Les salaires sont trop bas par rapport à la cherté de la vie. La recherche du profit est au détriment de la qualité des relations. Tout cela est vrai. Le Pape le sait et lance un appel aux gouvernants pour prendre des décisions politiques courageuses. Mais, "outre l’engagement législatif des Etats, il est urgent qu’ils aient le soutien convaincu des communautés croyantes et de la communauté civile dans toutes ses composantesʺ (Pape François, Bulle d’indiction du jubilé). Vider les prisons. Libérer les prisonniers Concrètement, nous devons être des signes visibles d’espérance pour de nombreux frères et sœurs qui vivent dans des conditions de détresse. Nous sommes tous invités à offrir des signes d’espérance aux malades, aux exclus, aux oubliés de la société, dans les maisons comme dans les hôpitaux. Au Bénin, il y a beaucoup de détenus dans les prisons civiles. Les Aumôniers ne peuvent même pas les approcher officiellement. Privés de leur liberté, ces détenus éprouvent non seulement la dureté de la réclusion, mais encore le vide affectif, les restrictions imposées et peut-être aussi le manque de respect des geôliers. Le Pape dit : "Je propose aux Gouvernements de prendre en cette année jubilaire, des initiatives qui redonnent espoir, des formes d’amnistie ou de remise de peine visant à aider les personnes à retrouver confiance en elles-mêmesʺ. N’est-ce pas là le cœur de l’Evangile ? Ecoutons Jésus dans son premier sermon à Nazareth: "le Seigneur m’a envoyé proclamer la Bonne Nouvelle aux pauvres, guérir les cœurs brisés, proclamer aux captifs la délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur″. Nous devons tous nous faire les interprètes de ces réalités sociales. Et le Pape a ouvert une Porte Sainte dans une prison d’Italie. C’est une nouveauté absolue. Retenons que celui qui ne pardonne pas s’emprisonne, s’intoxique et attire des malédictions sur lui et sur son entourage. Que cette Année Sainte soit une année de plus de justice, plus de réconciliation, plus de pardons à donner et à recevoir pour la gloire de Dieu et le bonheur de chacun ! "Là où il y a le désespoir, que j’y mette l’espérance″.