25 ANS APRES LE DECES DE MGR ROBERT SASTRE
Le diocèse de Lokossa célèbre la foi et l’héritage
L’Eglise-Famille de Dieu à Lokossa a célébré les 15 et 16 janvier 2025 les 25 ans de décès de Mgr Robert Codjo Mawoulawè Sastre, 2e évêque du diocèse. À travers deux jours de célébrations riches en ferveur et en souvenirs, prêtres, religieux, religieuses et fidèles laïcs ont honoré la mémoire de ce pasteur, tout en s’inscrivant dans la dynamique du grand jubilé de l’an 2025 décrété par le Pape François.
Les Soeurs Servantes de la Lumière du Christ en caravane avec l'effigie de leur fondateur, Mgr Robert Sastre, le mercredi 15 janvier 2025 à Lokossa
► Un jubilé d’espérance et de renouveau
Le jeudi 16 janvier 2025, Mgr Coffi Roger Anoumou, évêque de Lokossa, a présidé l’eucharistie des 25 ans de décès de Mgr Robert Sastre aux côtés de Mgr Barthélémy Adoukonou et de nombreux prêtres. Cela s’est passé à la Cathédrale Saint Pierre Claver avec la collaboration de tous les fils et filles du diocèse.
Les Soeurs jubilaires avancent vers l'autel pour le renouvellement de leurs voeux
Soeur Yvette ADINSIL a célébration des 25 ans de décès de Mgr Robert Sastre a été perçue comme une nouvelle Pentecôte. Le soir du 15 janvier, les fidèles se sont rassemblés pour une veillée de prière et d’hommage au prélat décédé depuis un quart de siècle. Une procession aux flambeaux, partie de l’évêché, a traversé les rues dans un élan d’unité et de recueillement. Portant des cierges allumés, la foule, composée de prêtres, de religieuses, de fidèles et de groupes folkloriques a marché au son des tambours et des chants, jusqu’à la crypte de la cathédrale où repose Mgr Sastre, de vénérée mémoire. Devant sa tombe, des témoignages empreints de gratitude ont été lus. Le Père Idelphonse Sodégla, au nom du clergé, a salué la mémoire de cet homme de foi. La Supérieure générale des Servantes de la lumière du Christ (Slc), Mère Nadine Marie Adjagba, a adressé une prière de reconnaissance pour son intercession et a demandé pardon pour les manquements humains. La soirée a été marquée par des instants de prière collective et des animations culturelles. Elle s’est achevée dans une ambiance d’émotion et d’espoir. Le lendemain, la commémoration s'est poursuivie avec une messe pontificale, présidée par Mgr Coffi Roger Anoumou. La Cathédrale de Lokossa, magnifiquement ornée, a accueilli une foule immense. Dans son homélie, Mgr Anoumou a rappelé les grandes lignes de l’héritage spirituel de Mgr Sastre, un homme profondément enraciné dans la foi et pleinement engagé pour son peuple. « Il n’y a de richesse que d’homme», a-t-il souligné, avant d’exhorter les fidèles à marcher sur les traces de cet apôtre, messager infatigable de l’Amour de Dieu et de la dignité humaine. Prélude au centenaire de Mgr Robert Sastre Au cours de la messe, les Sœurs Clarisse Yabo Assogba, Albertine Houessou, Julienne Houénoudo, Christine Sogbossi et Pavis Golou ont prononcé leurs vœux temporaires devant l’assemblée, manifestant ainsi leur engagement à vivre selon les conseils évangéliques de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Dans un moment tout aussi solennel, les Sœurs Akouavi Anastasie Opportune Todé, Benoîte Angèle Tago et Louise Sodji ont rendu grâce pour 25 ans de vie religieuse. Elles ont reçu des colliers bénis, cadeaux de leur jubilé. Le choix de Mgr Coffi Roger Anoumou d’utiliser pour l’occasion la crosse pastorale de Mgr Sastre a renforcé la dimension mémorielle de la célébration. À travers des citations marquantes du défunt prélat, l’évêque de Lokossa a rappelé l’importance de l’engagement des prêtres, des religieuses et des fidèles laïcs. Mgr Sastre voyait dans le prêtre un « missionnaire de la Parole de Dieu », et non un simple fonctionnaire. Aux religieuses Slc, il lançait cet appel : « Servir doit devenir pour vous le mot le plus sublime qui doit sortir de votre bouche, le dynamisme le plus fort ». Et aux fidèles, il rappelait le devoir d’aimer l’Église et d’y œuvrer activement. Ce jubilé d’argent, bien plus qu’un regard tourné vers le passé, a été un moment d’espérance et de renouveau. Alors que le diocèse de Lokossa se prépare à commémorer le centenaire de la naissance de Mgr Sastre en 2026, ces deux jours d'hommages ont rappelé à chacun l’importance de s’engager pleinement dans sa foi et d’honorer l’héritage des bâtisseurs de l’Église. Dans une atmosphère empreinte de recueillement, de joie et de gratitude, Lokossa a rendu un vibrant hommage à l’un de ses grands pasteurs, tout en ouvrant largement les portes à l’espérance pour les générations futures. Un moment inoubliable qui continuera de résonner dans les cœurs et dans l’histoire.
► « Un prélat d'éloquence et de savoir-faire »
Responsable des jeunes lors du pèlerinage en Terre Sainte de 1999 avec l’accompagnement de Mgr Robert Sastre, André Delorme Dansou partage dans cet article sa collaboration avec ce pasteur, son attachement à une foi inculturée à travers la représentation culturelle de la Vierge Marie, Reine des lendemains meilleurs.
Feu Mgr Robert Sastre
(Témoignage d’André Delorme Dansou, Expert en Sauvegarde de l’Environnement)Mgr Robert Sastre est pour moi plus qu’un simple prélat. Connu pour son éloquence, il est habité d’un grand désir de promouvoir les richesses économiques, spirituelles et politiques de son pays. Ce qui a valu pour nous aujourd’hui l’existence d’une statue béninoise de la Sainte Vierge appelée Esɔ layɔn be nyɔnu fiɔ (Reine des lendemains meilleurs). Grâce à cette Vierge, j’ai pu échanger avec lui dans bien des domaines, notamment ceux du développement du pèlerinage pour les fidèles chrétiens catholiques romains, et surtout de la Vierge Pèlerine. Et notre dernière rencontre fut celle du lundi 20 décembre 1999 sur la paroisse Saint Michel Gbéto à Cotonou. Il était venu pour la circonstance célébrer une messe d’au revoir à la Vierge, Reine des lendemains meilleurs (Esɔ layɔn be nyɔnu fiɔ) en partance pour Bethléem afin de représenter notre pays dans ce musée dédié à la Mère de Dieu par les trois grands patriarcats de la Terre Sainte, latin, grec-orthodoxe et arménien, en collaboration avec les autorités palestiniennes, israéliennes et de l’Unesco. Dans le livre d’or que je lui ai présenté à quelques heures de mon départ avec les pèlerins béninois en Terre Sainte, voici ce qu’il a écrit : « Vierge bénie entre toutes les femmes, Vierge, Mère entre toutes les mères, voici tes fils et filles du Bénin qui regardent vers Bethléem. Ils veulent t’admirer, là où tu as donné naissance à Jésus-Christ, Sauveur du monde, ils veulent t’admirer comme leur mère. C’est pourquoi ils t’ont sculptée avec amour, dans le bois de leur terroir avec l’art de leur terroir, avec la couleur de leur peau. Mère aimable voulant faire grandir ses fils et filles dans l’Amour de Dieu qui est la gloire de l’homme. Merci à ton fils dont l’Amour veut nous façonner à son image. Aide-nous à nous convertir pour être image et ressemblance de ton fils. Amen ! ». Il a plus considéré mes œuvres pour le Bénin et l’Afrique que mon âge. Je n’avais que 30 ans à peine. Ce qui m’a permis d’être reçu par les présidents togolais, cap-verdien, etc. Avec son soutien, Mgr André Fernand Anguilé, Archevêque de Libreville, m’a honoré de sa présence à Bethléem en représentant tous les évêques d’Afrique. 25 ans déjà qu’il nous a quitté Le lundi 20 décembre 1999, alors que je m’apprêtais à prendre le vol à la tête d’un groupe de pèlerins béninois pour le 2000e Noël à Bethléem et dans le cadre du Jubilé de l’an 2000, Mgr Robert Sastre prit la route de Lokossa pour venir célébrer une messe à notre intention sur la paroisse Saint Michel Gbéto à Cotonou. À cette occasion, il bénit la statue de la Vierge, Reine des lendemains meilleurs (Esɔ layɔn be nyɔnu fiɔ) qui représenterait le Bénin dans un musée à Nazareth. Vers 20h, dans le salon du presbytère de la paroisse Saint Michel Gbéto de Cotonou où il fut curé de 1970 à 1972 tout comme feu Mgr Vincent Mensah, évêque de Porto-Novo (1965-1970), nous avons eu l’occasion d’avoir de brefs échanges pendant lesquels j’étais triste et je ne comprenais pas pourquoi. Ceux qui m’accompagnaient avaient aussi constaté ma tristesse et mon calme profond, et faisaient tout pour m’arracher quelques blagues et sourires qui m’ont toujours caractérisé, mais n’y arrivèrent pas. Est-ce le stress des préparatifs du voyage des pèlerins africains dont j’étais le coordonnateur pour l’Afrique, ou la prémonition de la disparition du prélat ? Je ne savais pas moi-même. Il a fallu le 16 janvier 2000, quand j’appris sa disparition depuis Paris par feu Mgr René-Marie Ehouzou, pour que je me rende compte que je voyais pour la dernière fois Mgr Robert Sastre le 20 décembre 1999, et je ne le reverrai désormais qu’au Ciel. Aussitôt, je me rappelai de son mémoire qu’il m’a remis sur l’histoire de la Vierge, Reine des lendemains meilleurs (Esɔ layɔn be nyɔn fiɔ), des discussions que nous avions menées quelques heures avant mon départ de Cotonou pour Paris et l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv en Israël. Le jeudi 20 janvier 2000, c’est-à-dire quatre jours après le décès de Mgr Sastre, feu Mgr Ehouzou alors curé de la Cathédrale de Cotonou et moi sommes revenus au Bénin pour les obsèques. Après la messe solennelle célébrée en sa mémoire sur la paroisse Saint Michel Gbéto à Cotonou, très affecté, je n’ai pas pu assister à son inhumation à Lokossa. Mgr Sastre fut comme d’autres prélats pour moi en ce temps, d’un grand soutien spirituel et moral. Il était connu dans tous les pays que j’ai sillonnés en Afrique dans le cadre du recueil des messages de paix dans un livre d’or auprès des dirigeants africains. Je me rappelle encore des éloges que fit Mgr Evora du diocèse de Praïa dès mon arrivée au Cap-Vert pour rencontrer le président de ce pays. Il se souvint de la communication que Mgr Robert Sastre fit pour ses pairs à Dakar lors d’une session de leur Conférence épiscopale ayant alors à sa tête le Cardinal Hyacinthe Thiandoum. « Il est bien », avait-il affirmé pour conclure. Mgr Robert Sastre et Mgr Isidore de Souza, le Cardinal Bernardin Gantin et d'autres prélats ont fait honneur à notre pays, et nous avons le devoir de transmettre leur héritage aux générations futures de notre pays et de l’Église universelle. En cette année jubilaire 2025 et sainte comme l’an 2000, je me réjouis de revenir à Lokossa pour la messe des 25 ans du décès de Mgr Robert Sastre et de prier sur sa tombe. Depuis là où il est, qu’il pense au Bénin qu’il a tant aimé au point qu’il mourut le 16 janvier, grand jour de souvenirs pour nos martyrs et de pardon entre fils et filles de notre Nation. Jour qui marqua l’agression perpétrée contre le Bénin par des mercenaires, afin que la paix s’y consolide. Qu’il pense à l’Afrique qu’il a toujours défendue partout, afin qu’elle sorte de son retard économique pour le bien de ses filles et fils ! Mes humbles prières l’accompagnent pour le repos éternel de son âme.