ATTAQUES TERRORISTES REPETEES AUX CONSEQUENCES DOULOUREUSES
Le Bénin, le Niger et le Burkina Faso condamnés à la collaboration
Trois semaines après l’attaque terroriste qui a coûté la vie à une trentaine de soldats béninois au Nord du pays, les commentaires continuent. Mais l’essentiel est de rechercher une synergie d’action entre tous les pays concernés, notamment le Bénin, le Niger et le Burkina Faso pour arrêter la saignée.
Alain SESSOUUne trentaine de soldats abattus dans la soirée du jeudi 8 janvier 2025 par des terroristes au point triple au Nord (une partie où les trois pays, le Bénin, le Niger et le Burkina Faso se rencontrent). Une première dans l’histoire des attaques terroristes avec de nombreuses victimes depuis que le pays a été cité dans un attentat terroriste le 7 janvier 2011. Cette attaque est intervenue dans un contexte de relations troubles entre le Bénin et Niger. D’autant que depuis plusieurs mois, les autorités nigériennes n’ont de cesse d’accuser le Bénin d’être de connivence avec la France pour déstabiliser leur pays. Peu avant l’attaque perpétrée par les terroristes dans la soirée du 8 au petit matin du 9 janvier 2025, dans une interview accordée à une chaîne de télévision locale nigérienne, le Général Abdourahamane Tiani a réitéré de graves accusations contre le Bénin. « Il y a des centres d’instruction de terroristes au sein du Parc W, côté Bénin animés par les forces spéciales françaises qui sont à Porga », a-t-il déclaré. Puis il a enchaîné : « Vous marchez 315° sur 2 Kms tout au plus, vous tomberez sur leur position à partir de Porga, que ce soit dans la Pendjari. Les autorités du Nigeria sont au courant ». Des accusations rejetées en bloc par le Gouvernement béninois. Lors d’une conférence de presse le 17 janvier 2025, le Secrétaire général adjoint du Gouvernement, porte-parole du Gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji qualifie ces accusations de farfelues. Car selon lui, aucune des indications données par le Général Tiani ne tombe sur le territoire béninois. En clair, les accusations des autorités nigériennes ne sont pas fondées. Dans cet imbroglio, les terroristes font encore parler d’eux quelques jours plus tard en tuant au Burkina Faso 18 soldats. Peu de temps après, 4 conducteurs de camions de nationalité marocaine enlevés par les terroristes sont portés disparus. Intégrer les données régionales basées sur l’entraide La situation appelle deux observations. La première est le nœud gordien d’accusations de bases militaires qu’abriterait le Bénin et gardées par des militaires français qui y entraîneraient des terroristes. Ce que démentent les autorités béninoises. Elles reconnaissent l’accord de coopération militaire avec la France, mais affirment qu’il n’y a pas de bases militaires, d’autant qu’elles n’auraient aucun accord de défense avec quelque pays que ce soit, encore moins avec France. Ceci étant, l’accusation du Niger manque quelque peu de pertinence. En effet, si le Bénin n’a pas toutes les expertises qu’il lui faut pour affronter les terroristes, on ne peut pas lui dénier le droit de recourir à des militaires spécialistes pour repousser le mal du territoire. Dans ce combat, qu’importe le pays ! La France, les Usa ou d’autres partenaires peuvent être sollicités. La preuve, c’est que le Niger, après avoir renvoyé les militaires français et américains, a dû recourir à des soldats russes avec lesquels des accords de défense auraient été conclus. La deuxième observation, pendant que le Bénin et le Niger s’enlisent dans des querelles inutiles, les terroristes affinent leurs stratégies en s’appuyant sur la vulnérabilité du Burkina Faso où une grande partie du territoire échapperait au contrôle des autorités. Dès lors, la longue frontière que le pays des hommes intègres partage avec le Niger et une partie Nord du Bénin sont devenues les zones de prédilection des terroristes, qui jouissent d’une liberté de mouvement. En vérité, dans cette crise aux conséquences douloureuses qui oppose surtout le Bénin au Niger, les principaux acteurs font du surplace. La victoire sur les terroristes, tout au moins dans le point triple qui est une sorte de point d’intercession entre le Bénin, le Niger et le Burkina Faso, passe par une synergie d’action entre les trois pays. À moins que, comme le soutiennent certains observateurs, les positions de Tiani et d’Ibrahim Traoré soient des prétextes pour s’éterniser au pouvoir. Dans ce cas, demain n’est pas la fin du terrorisme au Sahel. Toutefois, le ministre de la Défense nigérien le Général Salifou Mody a annoncé le mardi 21 janvier dernier la création imminente d’une force armée unie de 5.000 hommes pour combattre le terrorisme au sein des pays de l’Aés. Belle initiative ! Mais là encore, elle ne pourra vraiment pas prospérer à l’opérationnalisation en occultant la collaboration avec d’autres armées de la sous-région comme le Nigeria, l’Algérie, le Tchad, la Libye… Car que ce soit au Mali, au Niger ou au Burkina Faso, les foyers de tensions terroristes sont nombreux avec plusieurs variantes. D’où la nécessité d’intégrer les données régionales basées sur l’entraide réciproque.