ISSN 1840 - 8184 Justice, Vérité, Miséricorde HEBDOMADAIRE CATHOLIQUE NUMÉRO 1836 du 31 octobre 2025 N° 1221/MISP / DC / SG / DGAI / SCC
Logo Croix Du Bénin
Justice, Vérité, Miséricorde Journal 1836 du 31 octobre 2025

31e dimanche du temps ordinaire-C

La commémoration de tous les fidèles défunts

Père Antoine TIDJANI, BIBLISTE

Aujourd’hui, nous nous souvenons de nos chers disparus. Mais disparus à nos yeux de chair, ils vivent dans l’Au-delà. C’est un acte de charité que l’Eglise recommande en leur faveur quand elle consacre toute une journée pour que nos prières et nos suffrages montent vers Dieu en leur faveur. Ils avaient existé parmi nous. Leur départ ne doit pas les envoyer dans la nuit de nos oublis. L’acte que l’Eglise nous fait poser aujourd’hui doit s’inscrire dans nos habitudes et se traduire par des gestes individuels concrets : la salubrité et le soin des cimetières ; les prières en famille pour nos défunts ; l’offrande de nos sacrifices et de nos indulgences en leur faveur ; les demandes régulières de messes. Ce jour nous rappelle aussi que le temps présent doit servir à faire le bien et à pratiquer la charité. Car un jour, nous serons jugés sur nos actes. C’est pour cela que la liturgie nous projette dans l’espace du jugement dernier devant le Roi qui jugera tout le monde. Qui n’a pas peur du jugement ? Ce mot fait toujours trembler puisqu’il nous présente devant un tribunal qui mettra au grand jour toute la partie cachée de notre vie. Il va falloir répondre de chacun de nos actes. Que dire ? Comment se justifier ? Avec quel mot se défendre devant Celui qui sait tout de nous ? Tout ce que nous savons sur cette terre et qui pourra nous aider, c’est que Dieu en Jésus-Christ s’est révélé le Dieu des faibles. Nous ne serons pas pardonnés si nous affichons notre indifférence vis-à-vis des faibles. Tout homme a eu des heures de faiblesse dans sa vie : temps de maladie ou d’échec ; temps de grande pauvreté où les yeux rivés à l’horizon, on se contente de regarder seulement la liste des besoins à satisfaire sans pouvoir rien faire d’autre. L’homme en ces moments désire toujours une main secourable, un regard qui le console, des mots qui le rassurent et qui lui disent qu’il compte beaucoup. Tout espace de secours devenant désertique, il soupire désespérément en disant : « Dieu existe ». Et ce Dieu qu’il invoque en ce moment veut se servir de toi et de chacun de nous pour l’aider. Ces moments adviennent dans la vie de l’homme pour que son cœur se creuse et se laisse habiter par des sentiments de miséricorde devant le faible. Celui qui a souffert dans sa vie peut-il rester indifférent devant la souffrance d’autrui ? Le spectacle qu’offre la terre, c’est bien celui de la violence par laquelle le fort terrasse le faible, et où le faible devenu fort rase tout sur son passage, oubliant tous les faibles qui regardent vers lui. Le dicton qui court communément sur les lèvres : « Chacun pour soi, Dieu pour tous » montre que Dieu est pour toutes ses créatures, mais il prend surtout le parti des faibles. Le Ps 72 (71) aux vv. 12-13 fait le portrait du Dieu Roi-Pasteur promis : « Il délivre le pauvre qui appelle et le petit qui est sans aide ; compatissant au faible et au pauvre, il sauve l’âme des pauvres ». Ézéchiel le dépeint : « La brebis perdue, je la chercherai, l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la chercherai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces » (Ez 34, 16). Devenir digne du Royaume en imitant la bonté du Roi Il y a souvent assez de théories sur les critères selon lesquels on pourra avoir accès au ciel. Aujourd’hui, Matthieu est très clair. Il montre que ce sont des actes concrets de charité qui nous ouvriront les portes du Royaume. Il s’agit d’avoir le regard du cœur, mais aussi la sincérité de la foi pour faire le lien entre Jésus et les malheureux auxquels il s’est lui-même identifié. Cela dit tout de la profondeur d’une vie chrétienne. Le faible et le malheureux que tu vois devant toi, c’est le Dieu de gloire défiguré sur terre. Il vient mettre à l’épreuve ta capacité d’aimer Dieu à travers l’homme le plus démuni. « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit est incapable d’aimer Dieu qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20). Le Royaume de Dieu commence par se construire sur la terre quand on comprend que la vie chrétienne se résume dans l’imitation de Jésus qui est passé en faisant le bien, et en prenant le parti des faibles. La compassion envers les affamés, les assoiffés, les sans-abris, est le trait qui montre notre lien avec le Christ et atteste notre citoyenneté du ciel. Dans ma vie M’arrive-t-il de penser qu’un jour, le Roi de l’univers me demandera compte de ce qu’a été ma vie ? À méditer «Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit est incapable d’aimer Dieu qu’il ne voit pas » (1 Jn 4,20).