Aucun gagnant !
Michaël S. GOMÉCiao Mali ! Ciao Burkina Faso! Ciao Niger! Ils sont vraiment sortis de la Cédéao, ces trois pays du Sahel. « Le retrait du Burkina Faso, de la République du Mali et de la République du Niger de la Cédéao prend effet à compter de ce jour, le 29 janvier 2025 », lit-on dans un communiqué de l’Organisation sous-régionale. Après en avoir pris acte, il va falloir maintenant, en toute sérénité et lucidité, faire le point de l’extrémisme sans limites qui, de part et d’autre, a conduit à cette rupture triste et déshonorante. Aucun gagnant ! Même si ces trois pays ont une situation géographique peu favorable, étant enclavés, il va falloir panser les plaies et trouver le fil d’or pour recoudre le tissu lacéré de la cohésion et de la solidarité sous-régionales. Trop de maux ! Trop de dégâts matériels et économiques, avec des marchandises abandonnées à l’avarie. Et par voie de conséquence, trop de retard dans le développement de nos nations. Et cela ne semble être encore que le début. La limite était de toujours savoir raison garder pour ne pas distendre les liens familiaux de fraternité, au risque de ne pouvoir colmater les brèches nonobstant les peines. De part et d’autre, c’est la majorité taiseuse, complice ou complaisante, qui subit les conséquences des sautes d’humeur des autorités légitimes ou illégitimes. Une ouverture du débat public à la liberté d’expression est donc urgente, plutôt que d’abandonner le peuple aux lèvres de leaders, peut-être opportunistes, mais en qui il se reconnaît parce que porteurs de ses aspirations. Cette sortie de ces trois États sonne comme un appel à faire davantage preuve d’humanité dans les relations interpersonnelles avec plus d’attention à la douleur des autres, à leur dignité, à leur droit d’avoir des points de vue divergents, et aussi plus de respect et de protection pour les intérêts de nos États et de nos compatriotes. Cela apparaît aussi comme un défi lancé à ceux qui demeurent encore au sein de la Cédéao afin qu’ils accordent plus d’attention aux problèmes communs et à ceux propres à chaque peuple pour ne pas donner l’impression de toujours échouer là où les partants s’en sortiraient merveilleusement.